Le Cercle Modernist

Le Cercle Modernist

The Excello Records Saga

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- "Blues Unlimited" magazine (numéro 54) en 1988 (Source 75 M.N.S ®) -

 

 Vous avez forcément remarqué la présence récurrente du label Excello Records au sein des différentes sélections musicales du "Cercle Modernist". Ce mythique label est d'ailleurs déjà évoqué, dans cette même rubrique "Race Music / Blues", avec l'article consacré à l'immense Bluesmen Slim Harpo le Swamp Blues King.

Avec cette approche intitulée "Excello Records Saga", c'est l'ensemble de l'aventure de cette compagnie légendaire qui nous intéresse. Un label, de première importance pour l'histoire du Blues Afro-Américain et l'ensemble de la musique au XXème siècle.

 Cette compagnie de disques va réussir l'exploit d'être littéralement adulé par des générations successives, pourtant issues de cultures musicales très différentes. L'irrésistible rythme et la puissance du Swamp Blues reste, encore de nos jours, une authentique marque de fabrique particulièrement appréciée dans les Clubs Mods.  

 

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Effectivement, cette musique, connue plus tard comme la musique Swamp Blues de Louisiane, est à la croisée des chemins musicaux. Ce style puise ses racines dans la très riche histoire de la ville de Nashville capitale de l'état du Tennessee. Une ville de Nashville qui est bien plus que la simple capitale de l'authentique musique Country.

La plupart des succès d’Excello Records jusqu’en 1954  étaient centrés sur de la musique Gospel et du Rhythm & Blues. Des styles joués parfaitement par des formations de très haute volée comme celle du Kid King’s Combo, ou encore celle du génial saxophoniste Louis Brooks accompagné par sa formation des Toppers (sélection musicale 3).

Déjà riche d'une longue histoire, ce n'est qu'à partir de 1954/1955, que le label se spécialise véritablement dans le Swamp' BluesUn label riche d'un catalogue exceptionnel, dont les fantastiques morceaux illustrent l'incroyable qualité de ce Blues rural pure et authentique.

 

- Référence musicale 1 (en bas d'article) -

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 - Nashville durant les années 1950 (Source : NNP) - 

 

"The Excello Records Saga"

 

L'histoire de la compagnie des disques Excello Records est intimement liée à la ville de Nashville aux Etats-UnisCapitale de l'Etat du Tennessee surnommée "Music City", la ville de Nashville est mondialement connue comme la grande capitale de l'authentique musique Country.

Même si depuis la fin des années 1960 (et encore plus aujourd'hui) l'activité musicale tourne essentiellement autour de la Country, Nashville était sans aucun doute (entre les années 1940 et 1950) un haut lieu du Blues et du Rhythm 'n' BluesC'est effectivement la compagnie de disques Bullet Records (1945/1952) qui va enregistrer, et distribuer, à Nashville les premiers disques de Blues.

N'oublions pas que c'est Bullet Records qui va sortir, entre autres, le tout premier vinyle de B.B King à la fin des années 1940. Bullet Records est un label vraiment précurseur et novateur pour les premiers enregistrements de Blues Afro-Américain. Ce label va "tracer la voie" pour Excello Records à Nashville, en découvrant le premier des musiciens Bluesmens de très grands talents.

 

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La liste des talentueux musiciens découverts par Bullet Records est impressionnante : avec des artistes comme Guitar SlimWillie Dixon, Franky Lee Sims ou Wynnomie Harris (!!!)... la voie est littéralement tracée à Nashville pour Excello RecordsCe n'est d'ailleurs pas un hasard, si Excello Records s'installe justement en 1952, alors que Bullet Records est en pleine faillite.

Monsieur Ernie Young, le fondateur et propriétaire de la compagnie Excello Records était parfaitement au courant de la situation de l'industrie musicale dans sa ville, NashvilleErnie Young était le propriétaire d'un important magasin de disques The Records Mart , une boutique située dans Nashville (voir photo ci-dessous).

À la fin des années 1940, le propriétaire d’un magasin de disques de Nashville, Ernie Young, a forgé un partenariat avec la station de radio WLAC à canal clair de 50 000 watts. Les émissions de Rhythm & Blues de l’influente station du crépuscule à l’aube ont captivé des millions d’auditeurs et franchi les frontières raciales.

 

- Référence musicale 2 (en bas d'article) -

 

ernies_wide-c12e02d884ae3eb25fd809a0d8fdd237c075f65b-s900-c85.jpg - Magasin de Ernie Young à Nashville en 1955 (Source : OLN) -

 

Durant cette époque, le magasin Ernie’s Record Mart est l’un des détaillants de disques de vente par correspondance les plus prospères aux États-Unis. En 1951, Ernie Young lance le label de musique Gospel Nashboro Records, un an plus tard il crée sa filiale R&B avec Excello Records. Les deux labels vont aussi produire de la Country Music, tout en enregistrant de véritables perles de Blues Afro-Américain.

 Bien qu' Ernie Young ait déclaré plus tard qu’Excello avait été fondé uniquement pour le R & B, les cinq premières sorties du label étaient du pur gospel. Une annonce dans le numéro du 4 octobre 1952 du magazine Billboard annonçait un nouvel ajout à la famille de Nashboro, avec la première production musicale de la toute nouvelle compagnie de disques Excello Records.

Nashville est une ville cosmopolite, une ville de mélange des cultures ce qui va, naturellement, se ressentir dans ses productions musicales. Souvenons-nous que l'histoire de Nashville reste indissociable des différentes vagues de colons venant d'Europe (FrançaisPolonaisIrlandais ..) qui vont lentement la peupler. Nashville est donc une ville pionnière de convergence pour les différents styles musicaux, en Amérique du Nord.

C'est d'ailleurs l'université de Nashville qui accueillera le premier spectacle musical de l'histoire au XIXe siècle, avec plus précisément la prestation du groupe des Fisk Jubilee Singers. Ce spectacle permettra de financer des missions d'éducation pour des esclaves affranchis, tout en positionnant Nashville comme centre musical aux Etats-Unis, tout comme les villes de La nouvelle Orléans, Detroit, ou Chicago.

 

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Nashville va devenir un centre politique important après la Guerre de Sécession (1861-1865), ancienne ville confédérée, elle se doit représenter le changement. Deux événements majeurs expliquent en partie la place prépondérante que va prendre la culture musicale dans l'histoire de la ville de Nashville.

Tout d'abord, la construction d'une immense salle de concerts en 1897 appelé le Ryman, va permette à la ville d'organiser des événements d'importance. Le Rynam, surnommé "le Carnagie du Sud", est encore considéré de nos jours comme une salle de concerts d'exception pour ses qualités acoustiques.

Les qualités acoustiques du Ryman sont reconnues et les musiciens du monde entier se bousculent pour fouler sa fameuse scène et pouvoir y jouer. De nos jours, le Ryman Auditorium constitue une forte référence culturelle qui attire de nombreux touristes visiteurs, et surtout les citoyens de la ville de Nashville dans l'état du Tennessee

Plus tard, en 1925, la création d'une station radiophonique renforcera la notoriété de Nashville, désormais appelée "The City of Music". A certaines heures, cette radio WSN peut diffuser sur tout le territoire des Etats-UnisLe programme musical phare "The Grand Ole Opri Show" de cette radio locale va devenir extrêmement populaire. Cette émission radiophonique deviendra même l'une des émissions préférées des Américains durant ces années 1920 et 1930.

 

- Référence musicale 3  (en bas d'article) -

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-  Monsieur Ernie Young circa 1954 (Source : EXC/BM) -  

 

Ce show  "The Grand Ole Opri Show, diffusé en direct chaque semaine depuis Nashville, va lancer la carrière de nombreux musiciens et les rendra célèbres. Pour la petite histoire, cette excellente émission de radio existe depuis plus de 90 ans (!!!). C'est tout simplement le plus ancien show radiophonique aux Etats-Unis

 Ces deux événements majeurs vont clairement "installer" la ville de Nashville comme centre musical de première importance dans le paysLa cité de Nashville va, de ce fait, vite devenir un lieu de passage presque obligatoire pour le nombreux musiciens exerçant dans les différents états du Deep South.

La création, et l'histoire, du label Excello Records est donc issue de ce terroir musical d'exception, fait aussi de racines multiples. Pourtant, le plus souvent, l'histoire musicale de cette ville de Nashville, en comparaison à l'histoire musicale d'autres villes comme la Nouvelle Orléans, ou Chicago, reste étrangement plus méconnue.

 

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Comme je l'ai précisé dès les premières lignes de cet article, la saga du label Excello va naître grâce à monsieur Ernie Lafayette Young (1892-1977). C'est en 1952 qu'Ernie Young met en route Excello Records, pour le compte de sa propre compagnie de disques Nashboro Records.

   L'objectif de son nouveau label est clair : il faut tout d'abord développer un nouveau catalogue d'enregistrements (hors Gospel Afro-Américain). Très vitre, la compagnie Nashboro Records, dont Excello Records dépend directement, va devenir une compagnie de disques de première importance pour l'industrie musicale et l'ensemble de la ville de Nashville.

Le label Nashboro est fondé en 1951 par Ernie Lafayette Young, un homme d'affaires Afro-Américain bien avisé et très ambitieux. C'est par le biais de son magasin, le Ernie's Records Mart, qu'Ernie Young parvient à vendre et diffuser les premiers disques de son propre label Nashboro Records.

 

Référence musicale 4  (en bas d'article) -

 

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 - Slim Harpo en 1961 (Source : DR/SB) -

 

Nashboro Records rencontre rapidement un succès important, le label devient vite connu dans le Deep South comme véritable spécialiste de GospelEn sponsorisant une émission sur la Radio WLACNashboro Records s'invite chaque soir dans les foyers des habitants de Nashville. Grâce à ses diffusions radiophoniques, le son spécifique et les différentes  productions du label deviennent vite connus.

Très vite, Ernie Young prend la décision de mettre sur pieds une nouvelle compagnie de disques pour s'intéresser à d'autres styles que le Gospel, musique encore très en vogue à NashvilleHabile homme d'affaires, en s'attaquant à un tout nouveau marché, Ernie Young ne pouvait effectivement pas rater cette occasion de décupler ses ventes.

Un marché, un environnement musical, qu'il connait déjà parfaitement dans sa ville de Nashville : le producteur a conscience de l'énorme potentiel de ce marché. De plus, comme nous l'avons vu plus haut, grâce à son association avec la Radio WLAC Ernie Young est conscient avoir des atouts majeurs en sa faveur.

 

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La radio WLAC va d'ailleurs avoir une part non négligeable dans la rapide réussite du label et ses importantes ventes de disques. En fait, les émissions musicales de la radio WLAC sont écoutées et suivies jusqu'à Los Angeles sur la côte Ouest, à l'autre bout des Etats-Unis ! C'est la période d'or des programmes radiophoniques qui vont largement participer à la diffusion de la musique Afro-Américaine.

Dès sa création, la route du label Excello semble parfaitement tracée pour connaitre succès et reconnaissance du public local. Mais, l'arrivée d'un nouveau producteur va propulser le label vers un succès planétaire, en marquant l'ensemble de l'histoire du Blues Afro-Américain à jamais.

L'industrie du disque est florissante et ses nombreuses compagnies sont alors en plein essor et pleine mutation, aux Etats-UnisC'est à cette période bien précise que le disque en vinyle remplace le 78 ToursLa toute première sortie du disque vinyle se fait en 1945sous la forme d'un disque 33 Toursavec un morceau de musique classique pour information.

 

Référence musicale (en bas d'article) -

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  - Cornelius Green III dit Lonesome Sundown en 1959 (Source : ER/BM  ) -

 

Le tout premier 45 Tours de l'industrie discographique sortira quelques années plus tard, grâce à RCA Records, en 1949En bref, le  label d'Ernie Young voit le jour et évolue durant une période charnière pour l'industrie des compagnies de disques. Cet environnement particulier explique la variété des supports lors des premières années d'existence d'Excello Records.

Avant de s'intéresser plus précisément à la genèse et au développement du label d'Ernie Lafayette Youngsoulignons que ces studios d'enregistrement vont sortir entre 1953 et 1960 près d'une quarantaine de 78 Tours. Parmi ces enregistrements figurent en 1953 la formation  Kid King's Combo avec deux superbes morceaux du même vinyle (78 Rpm Excello 2009classés aux meilleures places du BillBoard "Banana Split" (en face A ), ainsi que "Skip's Boogie" (en face B).

Puis Leroy Washington, en 1960, avec "Why Should Cry"/"My True Life" (78 Rpm Excello 2172) qui se classent aussi dans les meilleurs ChartsDans cet impressionnant catalogue de 78 Tours figure aussi d'autres musiciens de Blues Afro-Américain de tout premier ordre, comme Lightnin'Slim, Lazy Lester, Cliff Butler ou encore le Roi du Swamp Blues monsieur Slim Harpo.

 

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La liste de ces artistes ayant enregistré spécifiquement des 78Tours est bien trop longue pour être entièrement dévoilée. Elle illustre parfaitement la qualité précoce du catalogue que le label Excello Records proposeDurant sa toute première année d'existence Excello Records ne sortira que 3 singles, tous enregistrés par le fameux Kid King Combo.

• 

L'année suivante, en 1954, Ernie Lafayette Young augmente le rythme des enregistrements du label en sortant 7 singlesLouis Brooks and His Pinetoppers (avec deux singles), Son Of The South (2 singles également), le groupe des Peacheros ("Be Bop Baby" Excello 42-2044), Arthur Gunter avec "Baby Let's Play Houss" (Excello 45-2047), et de nouveau le Kid King's Combo ("Now Listen Baby"/"The Snake" (Excello 45-20147).


A partir de l'année 1955 Excello Records signe de nouveaux contrats, et de ce fait les sessions d'enregistrements se multiplient. Avec de nouveaux artistes dans son catalogue, comme Jerry Mc Cain and His Upstarts ou Earl Gaines, le label s'étoffe de plus en plus. L'année 1955, le label de Nashville distribue 16 singles, dont les premiers singles de Lightnin'Slim, et ceux de la mythique formation des

fameux Blues Rockers.

 

- Référence musicale 6 (en bas d'article) -

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 - Affiche d'un concert du Kid King's Combo à Nashville en 1958 (Source : BM) -

 

L'accélération des séances d'enregistrement conduit Ernie Young, le propriétaire du label, à chercher un nouveau producteur à la fin de l'année 1955C'est finalement en 1956 qu'Ernie Young trouve enfin la perle rare pour devenir son nouveau producteur en la personne de monsieur J.D Jay Miller.


L'impact et le rôle de J.D Jay Miller va être primordial pour la réussite du label : dès 1956 Excello Records fait enregistrer 27 singles dans ses studiosDe plus, les productions de J.D Miller vont avoir un rôle considérable dans l'émergence et la diffusion au grand public du style de musique Swamp Blues.

J. D Miller, de son vrai nom Joseph Denton Jay Miller, voit le jour le 5 Mai 1922 à Iota. une petite ville située dans l'état de LouisianeJ.D Miller va tout d'abord passer une partie de son enfance au Texas. Plus tard, J.D Miller va décider de revenir s'installer en Louisiane avec sa famille, dans la petite ville de Crowley.

 

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C'est à Crowley, petite ville située dans la province de l'Acadie (Etat de Louisiane), que J.D Miller apprend dès son plus jeune âge à jouer de la musique. Le jeune musicien est précoce et particulièrement doué. Grâce à ce travail acharné et avant de fêter ses dix ans, J.D Miller joue déjà avec aisance et remarquablement de la guitare.

J.D Miller est donc rapidement repéré et engagé, dans des formations de Blues Cajun, comme The Four Aces ou The Daylight CreepersL'Acadie est effectivement un des centres névralgiques de la musique Cajun (ou musique Acadienne), qui justement une des sources du Swamp BluesCette musique Cajun est inventée et surtout pratiquée au XIXe siècle par les colons francophones installés, comme nous l'avons vu, en Louisiane.

De nombreux instruments vont être spécifiquement utilisés, ou créés, par les musiciens Cajun, comme le "fil de fer" ou le "lavoir" (Washboard). Ces instruments vont d'ailleurs être largement employés par tous les "types" de musiques Blues. Cet usage va d'ailleurs se répandre à d'autres styles musicaux, comme avec le fameux groupe de Blues Rock ZZ Top, originaire de la ville de Houston dans l'état du Texas.

 

 - Référence musicale  (en bas d'article) -

 

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- Lonesome Sundown et Jay D. Miller circa 1957 (Source : BUlM) -

 

Les instruments phares du Blues Cajun sont le violon et l'accordéon (Clifton Chenier !) justement issu de cet héritage des BayousUne musique propre à la Louisiane, tout comme le Zydeco qui va lui aussi fortement influencer le Blues de Louisiane, puis le Swamp Blues devenu connu et reconnu par ses nombreuses reprises.

Le Zydeco est lui aussi un genre musical francophone originaire de Louisiane, il est directement issu des populations CréolesJ.D Miller va évoluer, dès son plus jeune âge, dans cet environnement fait de musiques aux racines différentes.

Une hétérogénéité qui ne va pas empêcher, bien au contraire, ces styles musicaux du Deep South de faire littéralement éclore le Swamp Blues.

Entre les années 1930 et la fin des années 1940, J.D Miller va poursuivre sa carrière de musicien en intégrant différentes formations.

 

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On le retrouve au début des années 1940 à la Nouvelle Orléans, véritable épicentre de la musique Cajun, dans les meilleures formations. Cette grande variété de styles musicaux va lui donner l'idée de créer des labels plus "spécialisés", comme Kajun Records .. ou Excello Records.

Lorsqu'il décide de créer ce nouveau label, qu'il va dénommer Excello Records au sein de la compagnie Nashboro Records, J. D Miller est un producteur de disques déjà reconnu à Nashville. Effectivement, J.D Miller s'occupe déjà de nombreux artistes de renom attiré par la qualité des studios et la renommée de son business.

Effectivement, J.D Miller a déjà lancé lui-même, en 1946, la petite compagnie de disques Fais Do Do Records. C'est également cette même année que J.D Miller se lance dans la production de musique Cajun à la Nouvelle Orléans. J.D Miller est un homme d'affaires très avisé et particulièrement habile, il veut agrandir son influence.

 

- Référence musicale  (en bas d'article) -

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- Slim Harpo sur Excello Records  (2138) en 1958 (Source : 75 M.N.S ®) -

 

Dès 1947, J.D Miller décide de changer le nom de son label. Il lui donne le nom de Feature Records, et spécialise son label dans les musiques Cajun et Country. Mais, J.D Miller ne va pas s'arrêter là car sa soif de production est insatiable ; de plus, il ne veut en aucun cas louper un artiste !

 •

En fait, J.D Miller a la grande particularité d'être un producteur doué, et particulièrement prolifique en la matière. Il va ainsi créer un nombre important d'autres labels parallèles. Comme d'autres producteurs musicaux, il a bien compris qu'il faut mettre plusieurs cordes à son arc.

Certaines compagnies de disques qu'il va créer vont même avoir un véritable succès international. Avant ou après Excello Records, J.D Miller créera  plus d'une dizaine de compagnies de disques comme Rocket Records (qui va devenir Rocko Records),

puis Zynn Records (totalement dédié au Zydeco comme l'indique son nom), Showtime Records, Cajun Records ou encore Swade Records.

 

- Référence musicale  (en bas d'article) -

 

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 - Gene Nobles de la radio WLAC circa 1947 (Source : WLAC) -

 

A partir du début des années 1950J.D Miller est totalement introduit au sein de la scène des Bluesmen de Nashville. C'est à cette époque qu'il commence même à écrire des morceaux pour des artistes de Blues, comme par exemple pour Guitar Gamble. Son trait d'écriture musicale est très apprécié par les musiciens locaux.

En fait, lorsqu'il rencontre Ernie Lafayette Young, qui est à la recherche d'un nouveau producteur pour ses studios, J.D Miller connait déjà toutes les futures vedettes de la scène musicale locale. Des artistes qui vont justement faire les beaux jours de leur prochaine collaboration pour la label Excello Records.

 Comme je l'ai déjà souligné la diffusion radiophonique des morceaux du label Excello, par la Radio WLAC, va avoir un rôle vraiment primordial.

Cette fin des années 1950, tout comme pour les compagnies de l'industrie du disques, est une période d'or pour l'ensemble de la radiodiffusion musicale.

 

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N'oublions pas que c'est justement au sein des émissions de radios, premier moyen d'information de l'époque, que va naître le phénomène dit des Disc Jockey. Ce dernier est un nouvel animateur radiophonique, il est spécifiquement chargé de choisir et de diffuser une sélection musicale qu'il détermine lui-même.

Dès les années 1920 ce nouvel acteur va rapidement devenir très populaire, et incontournable dans l'industrie musicale comme, par exemple Christopher Stone. Monsieur Christopher Stone est le premier animateur radiophonique considéré comme un Disc Jockey, même si le terme n'existe pas encore.

Christopher Stone est un précurseur qui diffusait du Jazz Afro-Américain dès 1927 sur la BBC lors d'une émission régulièrement diffusée sur les ondes. Le terme Disc Jockey est en fait inventé, en 1935, par le journaliste et animateur Walter Winchell pour désigner le style du journaliste Martin Block.

 

- Références musicale 10  (en bas d'article) -

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 - Silas Hogan circa 1962 (Source : BULM) -

 

Martin Block (1903-1967) est un des premiers animateur radiophonique adulé par le public au XXe siècle, il devient même une véritable vedette. Le journaliste Walter Winchell va donc inventer et utiliser le premier ce terme de Disc Jockey pour désigner le disque vinyle.

Walter Winchell (1897-1972) va donc choisir le terme Jockey pour représenter l'action "d'animation" (littéralement "qui monte le disque") justement faite par le Disc JockeyL'excellent journaliste Disc-Jockey Gene Nobles (voir photo ci-dessus), qui dirige une émission de musique pour la radio WLAC

Le label J.D Miller, illustre parfaitement cette nouvelle génération énergique d'animateur radiophonique. En prenant les rênes du label Excello, J.D Miller va non seulement considérablement augmenter les ventes de disques du label ; mais, il va également créer un tout nouveau son : le Swamp'Blues.

 

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Un style de Blues rural puissant qui va largement influencer de nombreux musiciens, et l'ensemble des styles musicaux. J.D Miller est incontestablement un des grands producteurs de la musique Afro-Américaine de la seconde moitié du XXe siècle. Ce n'est pas un hasard s'il fréquente les plus grands producteurs de son époque.

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Leonard Chess, le propriétaire de la compagnie de disque Chess Records, est par exemple un ami proche. Comme je l'ai souligné, J.D Miller est un véritable Gentleman du Deep South à l'allure charismatique et élégante. D'ailleurs, ses costumes sur-mesure sont confectionnés par Joseph Frank & Sons, incontestablement le meilleur tailleur de Nashville.

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De plus, J.D Miller n'hésite pas à changer chaque année de voiture, en achetant la nouvelle et luxueuse CadillacLa femme de J.D Miller profite elle aussi de ce standing élevé : elle change chaque année sa voiture ... mais elle préfère la marque PontiacBref, quand J.D Miller devient le nouveau producteur du label Excello Records, il possède déjà largement la stature d'un riche homme d'affaires.

 

- Référence musicale 11 (en bas d'article) -

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 - Album Excello Records (LP8000) en 1960  (Source : 75 M.NS ®) -

 

En 1957, J.D Miller fait enregistrer près d'une trentaine de singles. L'année 1957 est d'ailleurs particulièrement prolifique pour Excello Records jusqu'au début des années 1960, avec des morceaux comme "I'm King Bee" de Slim Harpo (Excello 2113), ou "I'm A Roling Stone" de Lightnin'Slim (Excello 2116).

 Les années suivantes (1958 et 1959) sont, elles aussi, très prolixes avec plus d'une quarantaine de singles effectivement sortis par la compagnie de Nashville. Ce sont aussi les premières années de présence pour l'immense Slim Harpo, il commence par enregistrer trois singles durant ces trois années (de 1957 à 1959).

Même si Slim Harpo enregistre surtout durant les années 1960, dès son arrivée en 1957, il est déjà considéré comme un artiste important. A partir du début des années 1960Excello Records attire effectivement tous les musiciens majeurs du Deep South qui veulent enregistrer dans ses nouveaux studios rutilants.

 

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Dès 1957 Excello Records remporte un succès important avec le morceau "Little Darling" enregistré par la formation des Gladiolas (Excello Records 2101qui se classe au 41e rang dans le R&B BillBoard. Par la suite, ce succès auprès du public ne va cesser de croître durant le milieu des années 1960.

J.D Miller est un producteur très présent dans les studios d'enregistrement, il n'hésite pas à aller voir ses artistes pour prendre de leurs nouvelles. C'est en grande partie grâce à son charisme et son habilité que J.D Miller deviendra l'ami, et parfois le confident, de tous ces musiciens de renoms. 

Les succès du label dans les différents Charts vont être nombreux ; notons que le tout premier succès dû au Gladiolas en 1957, sera repris (avec d'ailleurs encore plus de succès) par la formation The Diamonds sur Mercury Records quelques années plus tard. Slim Harpo va donner les plus beaux et importants succès au label grâce à ses morceaux seront enregistrés dans les studios de Crowley de J.D Miller.

 

Référence musicale 12 (en bas d'article) -

 

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-  Pochette Lp (8029Excello Records en 1974 (Source : 75 M.N.S®) -

 

Le morceau "Rainin'My Heart" (Excello 2194) est classé numéro 1 en 1961 dans le R&B Chart, tout comme "Baby Scratch My Back" plus tard en 1966En enregistrant la plupart de ses productions dans les studios de Crowley en Louisiane, J.D Miller va littéralement imposer un nouveau son.

J.D Miller arrive a restituer parfaitement dans ses studios la puissance, le rythme endiablé, et la moiteur de ce Swamp Blues Afro-AméricainLe catalogue de la fin des années 1960 du label donnera ces morceaux d'anthologies devenus incontournables pour l'ensemble de la musique contemporaine.

Encore une fois, il n'est pas inutile de préciser que cette liste est beaucoup trop longue pour s'arrêter sur tous ces morceaux exceptionnels. Cette situation est aussi le résultat de l'environnement mis en place. Effectivement, durant les années 1960, le producteur J.D Miller va prendre l'habitude d'inviter, de fréquenter amicalement les nombreux artistes présents dans ses studios d'enregistrement.

 

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J. D Miller est un propriétaire et un producteur très respecté et apprécié par l'ensemble des musiciens de la communauté musicale de Nashville. Miller, producteur de génie, va surtout devenir un ami très proche de l'immense Slim Harpo, ce grand Bluesmen qui va marquer de son empreinte indélébile le label Excello Records.

Cette sincère amitié entre le producteur et Slim Harpo, explique d'ailleurs la presque exclusivité des enregistrements pour ExcelloLe producteur a bien compris qu'il peut tirer meilleur partie de son catalogue, en développant des relations privilégiés avec tous ses musiciens.

J.D Miller va réussir un véritable tour de force en imposant son label à l'ensemble des musiciens Afro-Américains de Nashville (tous styles confondus !). Effectivement, Excello Records va intégrer au sein de sa fantastique écurie de nombreuses futures vedettes de la scène R'n'B & Soul de la ville de Nashville.

 

Référence musicale 13 (en bas d'article) -

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 - Encart publicitaire Excello Records en 1955 (Source : BLU) -

 

Avec, entre autres, des artistes comme Earl Gaines, Roscoe Shelton, Maurice Williams, The Kelly Brothers, ou encore Marion James avec son superbe "That's My Man". Effectivement, comme je l'ai précisé auparavant, la musique Blues n'est pas l'unique source et style d'enregistrement pour le label de J.D Miller. Comme souligné, la ville de Nashville est le berceau de nombreux styles de musiques.

Cette approche s'intéressant plus particulièrement au catalogue de musique Blues du label, vous retrouverez de ce fait une autre partie (justement axée sur les musiques Rhythm'n'Blues et Souldans un nouvel article spécifique, au sein de cette même rubrique "Race Music/Blues" du "Cercle Modernist".

Une hétérogénéité qui s'explique encore par l'omniprésence de J.D Miller sur l'ensemble de la scène musicale de NashvilleJ.D Miller ne se limite pas à un style musical spécifique, le producteur s'intéresse plus à la réelle qualité des artistes/musiciens lors de ses démarches pour signer des contrats. Aidé par un charisme hors pair, Miller empile les nouveaux contrats.

 

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J.D Miller est un producteur confiant qui n'hésite pas à lancer de nouveaux artistes, comme par exemple avec Lonesome Sundoown aka  Lazy Lester (1933 - 2018).

 Lazzy Lester, de son vrai nom Leslie Carswell Johnsonva ainsi enregistrer son tout premier disque pour le label de J.D Miller en novembre 1956 ("I'm Gonna Leave You Baby"/"Lester Stomp" Excello 295).

Au passage, il est intéressant de noter que Lazzy Lester va débuter sa carrière grâce à un chanceux concours de circonstances C'est effectivement grâce à l'absence de l'harmoniciste officiel de Lightnin'Slm, lors d'une séance d'enregistrement pour Excello Reordsque Lazzy Lester est finalement choisi comme l'harmoniciste de remplacement pour une session d'enregistrement avec sa formation.

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  Cette même année 1956, correspondant à l'arrivée du nouveau producteur J.D Miller, les productions Excello Records connaissent déjà un important succès que ce nouveau producteur va décupler. Parmi ses premiers succès aux commandes du label, l'excellent morceau "Guitar Rumboe" de Guitar Gamble (Excello 2094), qui se classe parmi les toutes premières places dans les Charts R&B.

 

Référence musicale 14 (en bas d'article) -

 

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 - Lp Excello Records (8004) en 1966 (Source 75 M.N.S ®) -

 

Pour la petite histoire, ce morceau ("Guitar Rulboe") va inspirer plus tard le groupe de Pop Anglais The Beatles, dans leur composition "Oh Darling" en 1968A la différence des nombreuses reprises ou compositions des Rolling Stones, ou des Yardbirds, ce puissant héritage musical, légué par le Blues Afro-Américain, reste bien malheureusement assez méconnu par le grand public.

Ces différentes reprises illustrent la grande influence, souvent oubliée, des différentes productions de J.D Miller sur l'ensemble des styles musicaux contemporains. En fait, les premiers (1953) succès du label sont antérieures à la venue de J.D Miller aux manettes de la production de la compagnie de Nashville.

Comme avec le morceau "Baby Let's Play House"d'Arthur Gunter qui permet au label d'atteindre les Charts nationaux en 1954Ce dernier morceau est considéré par certains critiques musicaux comme un des premiers morceaux fondateurs du Rock'n'Roll. Effectivement, "Baby Let's Play House" va se hisser à la 12 place (durant de longues semaines) dans de très nombreux classements, dont le très fameux et incontournable U.S R&B Charts.

 

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La compagnie de disques est donc déjà sous les feux de la rampe avant la venue de J.D Miller. Avec l'arrivée de ce dernier aux commandes de la compagnie, les succès commerciaux et financiers vont se multiplier. L'investissement et travail incessant fourni par J.D Miller dès son arrivée comme nouveau producteur pour le label Excello va donner très rapidement des résultats financiers.

Le rythme des productions de J.D Miller, tout comme le nombre d'artistes signant des contrats pour son label, ne vont pas cesser d'augmenter durant les années 1960. En effet, ces années 1960 s'illustrent particulièrement avec une grande profusion d'enregistrements, et de nouveaux contrats, signés avec des artistes de très grande qualités

Le label va ainsi devenir une véritable référence pour les collectionneurs, connaisseurs et passionnés de musique Blues Afro-Américaine. Excello Records est désormais reconnu comme le label emblématique de l'authentique Swamp Blues, en proposant une qualité d'enregistrements qui va largement participer à forger une réputation de très haute qualité à travers le temps.

 

Référence musicale 15 (en bas d'article) -

 

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  - Otis Spann "Bloody Murder" Excello Records (2329) 1973 (Source : 75 M.N.S®) -

 

Les productions de la compagnie vont continuer jusqu'à la fin des années 1970. Le label va officiellement fermer en 1975. Durant ces dernières années d'existence Excello Records va continuer de proposer un catalogue de très haute volée musicale, même si la période d'or du label est désormais passée.

Plus précisément, entre 1972 et 1975, le label produit de nombreux artistes de grand renom comme le légendaire Otis Spann (1930-1970)  dont le morceau "Bloody Murder" (Excello Records 2329) produit à titre posthume. Le catalogue de la compagnie comprend également Bobby Powell, Jerry Washington, Rose Davis, ou encore le génial Lee Weeber.

Même si le Blues Afro-Américain n'a plus le même succès auprès du public comme dans les années 1950 et 1960, la notoriété de cette musique est ancrée. Désormais le public veut écouter du Rhythm 'n' Blues et de la musique Soul, des styles nouveaux qui vont largement détrôner le Blues, et le Jazz dans les Charts.

 

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Le grand public est en fait friand de sonorités nouvelles. A ce propos, c'est en grande partie à travers la forte influence du Blues Afro-Américain que le style musical dit Hard Rock va devenir à la mode. Les musiciens de Blues vont effectivement "éduquer" et habituer le grand public aux sonorités électriques et puissantes particulièrement développées par le Chicago Blues.

Lorsque Excello Records ferme boutique au milieu des années 1970, les grands Bluesmen comme Muddy Waters, John Lee Hooker ou Sonny Boy Williamson II ne sont plus des musiciens inconnus. Effectivement, en quelques années, ses géniaux musiciens de Blues sont devenus de véritables références pour l'ensemble des passionnés de musique.

Dans ce registre, le Swamp Blues Afro-Américain, en partie mis au point et développé par Excello Records, est devenu une légendaire et véritable marque de fabrique. Un style de Blues rural sans concession, dont le prestige a désormais largement dépassé l'histoire musicale de la ville de Nashville.

 

- Référence musicale 16 (en bas d'article) -

 

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- Encart publicitaire Excello Records en 1955 (Source : ER) -

 

Le label Excello, fondé par le Nashvillian Ernie Young a donc publié des enregistrements de très nombreux et talentueux Bluesmen tels que Slim Harpo, Earl Gaines, Lightnin' Slim, Roscoe Shelton. ou encore Arthur Gunter qui a écrit et enregistré "Baby, Let’s Play House", bientôt repris par le jeune Elvis Presley.

Ces fantastiques productions de la compagnie Excello resteront éternellement gravées dans la mémoire musicale. Son influence sur l'ensemble de la musique Afro Américaine et contemporaine reste indélébilement inscrite en lettre d'or dans le grand "Livre de l'Histoire Musicale de l'Humanité".

Ce n'est pas un hasard, si l'authentique culture musicale Mod s'est emparée dès ses origines de ce type de Blues Afro-Américain. Car, Excello Records représente pour nous Modernists l'authentique quintessence de cette fantastique culture Blues Afro Américaine.

 

Alexandre Saillide-Ulysse

75 M.N.S®

 

Sources :

 

- Randy Fox " Shake Your Hips : The Excello Records Story"

Editions BMG Books, 2018 

 

Stéphane Koechlin "Le Blues : Les musiciens du diable",

Editions Castor Music, Paris, 2014

 

Gérard Herzhaft "La grande encyclopédie du Blues"

 Editions Fayard, Paris, 1997-2008

 

- David Ausseil, Charles-Henry Contamine et Denis Chapoullie

"La Route du Blues" Editions J.-P. Barthélémy, Paris, 1995

 

- Robert Sacré "Musique Cajun, Créole et Zydeco"

Editions PUF, Paris, 1993

 

- Larry Cohn "Nothing But The Blues"

Editions Abbeville, Paris, 1993

 

- John Broven "South to Louisiana: The Music of the Cajun Bayous" Editions Pelican, Boston, 1983.

 

 

Références musicales :

 

- Sélection 1 : Kid King's Combo "Skip's Boogie"

Excello Records (45/2009) - 1953

 

- Sélection 2 : The Blue Flamers "Watch On"

Excello Records (5/2026) - 1954

 

- Sélection 3 : Louis Brooks And His Hi-Toppers "Chicken Shuffle"

Excello Records (45/2056) - 1955

 

- Sélection 4 : Slim Harpo " Don't Start Crying now"

Excello Records (45/2194) - 1961

 

- Sélection 5 : Lonesome Sundown "I"m A Mojo Man"

Excello Records (45/2132) - 1958

 

- Sélection 6 : Kid King's Combo "Mambino"

Excello Records (45/2046) - 1954

 

- Sélection 7 : Lonesome Sundown "Lonesome Whistler"

Excello Records (45/2102) - 1957

 

- Sélection 8 : Slim Harpo "Wonderin And Worryin"

Excello Records (45/2138) - 1958

 

- Sélection 9 : Slim Harpo "I Got Love If You Want It"

 Excello Records (45/2113) - 1957

 

- Sélection 10 : Silas Hogan " You're Too Late Baby"

 Excello Records (45/2221) - 1962

 

- Sélection 11 : Lightnin' Slim " Rooster Blues"

Excello Records (45/2169) - 1959

 

- Sélection 12 : Shakey Jake "Love Me Baby"

Excello Records (LP/8029) - 1974

 

- Sélection 13 : Earl Gaines "It's Drivin Me Mad"

Excello Records (2072) - 1955

 

- Sélection 14 : Lightnin' Slim "Don't Start Me Talking"

Excello Records (LP/8004) - 1965

 

- Sélection 15 : Otis Spann "Bloody Murder"

 Excello Records (2329) - 1973

 

- Sélection 16 : Jerry Mc Cain "That's What They Want"

Excello Records (2068) - 1955

 



03/11/2023
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