Le Cercle Modernist

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Monsieur Clifton Chenier (1925- 1987) "King Of Zydeco Blues"

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 - Clifton Chenier (1925 -1987) (Source : BM©) -

 

Monsieur Clifton Chenier est incontestablement un des plus illustres représentant du style musical dénommé Zydeco Blues. Un style musical très spécifique puisant ses origines dans deux courants historiquement profondément liés : les styles musicaux dits Cajun et Zydeco Blues.

Clifton Chenier va réussir l'exploit d'inscrire cette spécificité musicale du Zydeco au sein de la famille du Blues Afro-Américain. Ce grand musicien Zarico'Blues va y puiser et intégrer ces nombreux "styles", comme le meilleur du Rythm'n'Blues.

 

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Précédemment, dans l'article "Zydeco Blues Le Blues Français de Louisiane" (rubrique "Race Music /Blues") nous avions déjà souligné que ce style de Blues constitue un des fondements de la culture musicale Mod Hexagonale. Tout comme pour la musique Jazz avec le "Hot Club de France" et monsieur Boris Vian.

Cette approche a donc pour objectif d'approfondir et de propager cette partie plus obscure, mais primordiale, de notre culture Mod à travers la prolifique carrière de Clifton Chenier, l'authentique et charismatique

King Of The Bayous.

 

- Référence musicale 1 (en bas d'article) -

 

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- Carte musicale de la Louisiane (Source : GT©)

 

Clifton Chenier (1925-1987)

 

"Eh bien, vous voyez, en 1955, je ne jouais que du Blues à l’accordéon. Puis, j’ai dit : "Eh bien, il y a trop de groupes. Je vais changer un peu cela". C’est pourquoi, je l’ai décidé de chanter en Français ".

 

Clifton Chenier est né près d’Opelousas, dans le sud-ouest de l'état de Louisiane. Tout en étant une ville baignée par le Zydeco Blues, Opelousas est aussi une terre ancestrale des Native Americans cet à dire des premiers habitants du continent Amérique. Pour la petite histoire, La ville d'Opelousas tient son nom de la tribu des Amérindiens dénommée Appalousa qui vivait justement dans cette région.

Le terme Appalousa se traduit par "jambe noire". Ce sont les premiers visiteurs Européens, notamment un colon français du nom de Michel de Birotte en 1690, qui donnent ce nom à ce territoire. Michel de Birotte précise que cette tribu ne se peignait pas les jambes, mais celles-ci devenaient sombres par les dépôts lors des parties de pêche dans les marais environnants. La couleur noire étant donnée par ces eaux effectivement chargées en minéraux.

Clifton Chenier, tout comme dans de nombreuses familles issues des minorités aux Etats-Unis, est né dans une famille de musiciens et passionnés de musique. Plus exactement, sa famille compte un nombre important et varié de musiciens : accordéonistes, guitaristes, violonistes et, bien entendu, des joueurs de Rubboards.

 

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Durant son adolescence, Clifton Chenier va d'abord apprendre à jouer de l’accordéon. Il va débuter cet apprentissage avec l'accordéon chromatique en 1941. Après cette première prise en main, Cliffon va aussi apprendre à jouer de l'accordéon diatonique en 1947. Ce dernier, est un instrument typique du Deep South Louisianais, et surtout différent de l'accordéon chromatique.

Effectivement, l’accordéon diatonique est un instrument très populaire et typique de la musique pratiquée en Louisiane. Cet accordéon diatonique est bien plus petit. De plus, c'est le plus utilisé dans la musique dite traditionnelle. C'est un instrument traditionnel véritablement ancré dans la culture du Zydeco Blues, tout comme dans les musiques Celtiques en Bretagne.

En fait, l'accordéon diatonique est un accordéon qui ne possède pas d'altérations, cet à dire un demi-ton, que l’on appelle également "dièses" "bémols" (do dièse, mi bémol, sol dièse…). Plus clairement, l'accordéon diatonique manque des notes, pour le comparer simplement à un autre instrument, ces notes sont similaires à celles des touches noires présentes sur un piano dit "classique".

 

- Référence musicale 2 (en bas d'article) -

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- Accordéon Diatonique, instrument fétiche du Zydeco Blues (Source : CR© ) -

 

Pour la petite histoire, et pour les puristes , il est important de souligner que les accordéons diatoniques ne le sont pas réellement. Car, la deuxième rangée de bouton , du côté de la main droite, a ajouté quelques altérations. Mais, nous les appelons, malgré tout, accordéons dits diatoniques.

Après ce tout premier apprentissage de la musique, avec l'accordéon de son père Joseph Chenier, le jeune Clifton Chenier monte rapidement sur scène. Grâce à son nouveau savoir faire musical, Cfiffton Chenier débute ses prestations sur scène en jouant du Rubboard en accompagnant son frère Cleveland Chenier (1921-1991).

Le Rubboard est donc un instrument typique du Blues de type rural, il est plus connu sous le nom de "planche à laver", ou de "vest-frottoir". Cette dernière est une variété de "planche à laver", le plus souvent en aluminium portée comme une veste elle est attachée autour du cou. Le son très particulier de cet ingénieux instrument est produit par un frottement effectué de haut en bas.

 

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Les deux frères Chenier vont alors se produire dans les bals du samedi soir, plus précisément dans les fameux "fais-do-do", tout en assumant des petits boulots (agriculteurs, chauffeurs…) pour améliorer leur quotidien. Ils vont, dés leur début, avoir un accueil très favorable auprès d'un public grandissant friand de ce Blues rural authentique.

Durant cette période, le frère de Clifton ChenierCleveland, passe du Rubboard en bois au frottoir en fer blanc qu’il "caresse" avec six décapsuleurs de bouteilles à chaque main. Il semble qu'il ait profité des conseils de son père familier de ce type de Blues rural utilisant des instruments inventés et montés de toute pièce.

Le son obtenu par les deux frères est d'une profonde puissance et d'une grande authenticité musicale. Les deux jeunes musiciens sont littéralement en train d'inventer le nouveau son moderne du Zydeco Blues ! Une musique très spécifique, peu connue, alors qu'elle va exercer une forte influence au sein de la musique des XXème et XXIème siècles.

En premier lieu, il semble primordial de souligner que la musique est un objet culturel de premier ordre qui permet une identification de ceux qui l’écoutent avec ceux qui la pratiquent. Dans ce sens , les différentes musiques traditionnelles d’Europe et même du monde ont souvent occupé ce rôle, tout comme justement le Zydeco Blues originaire de l'état de la Louisiane.

 

- Référence musicale(en bas d'article) -

 

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- Drapeau de la Louisiane Créole (Source : BNF) -

 

Comme justement le Blues Zydeco, musique faisant partie d’une famille plus large que l'historienne en musicologie madame Sara Le Menestrel appelle la French Music, dans son exceptionnel ouvrage "La voie des Cadiens" (voir les sources en bas d'article). Cette voie de l'Acadie, est originellement issue de l'arrivée en Amérique des premiers Français.

 

 Une toute première colonie acadienne s'établit sur les côtes de la Nouvelle-Écosse, à La Hève (aujourd'hui le village de Riverport) avant de reprendre Port-Royal aux Anglais. Puis les colons français construisirent le fort de Sainte-Marie près de la rivière Saint-Jean et le fort Saint-Louis au Cap-SableLes Français s'emparèrent aussi du poste anglais de Machias (Maine) et du fort de Pemaquid (Maine).

Progressivement, des colons s'implantèrent sur la côte atlantique et la baie Française (baie de Fundy) de ce qui est aujourd'hui la Nouvelle-Écosse, ainsi qu'à l'île du Cap-Breton et l'île Saint-Jean (aujourd'hui l'Île-du-Prince-Édouard). C'est à la même période qu'une cinquantaine de familles venues de France vont arriver au Canada pour rejoindre le Québec.

 

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Il existe une prolifération de genres musicaux en Louisiane, beaucoup sont directement issus d’une culture française. Il s’agit donc de la French Music. Une musique qui dans la grande majorité des cas contiennent une grande part de "Francité" dont beaucoup de textes sont justement écrit puis chanté en langue Cadienne ou Créole, donc francophone.

Cette culture musicale va aussi constituer un formidable atout touristique pour la Louisiane avec le développement de nombreux événement culturels : festivals, expositions et concerts. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si beaucoup de non-Louisianais se sont alors largement attribués ce genre musical très particulier.

A l’origine, la French Music relevait de la tradition. Il s’agissait de musique jouée dans les bals des communautés Cadiennes ou Créoles, cet à dire les "fais-dodo", pour célébrer la fin de semaine. Les instruments que les musiciens utilisent étaient essentiellement le violon, plus exactement le fiddle violon pour la musique de type traditionnelle.

Pour sa part, l'accordéon deviendra incontournable à la toute fin du XIXe siècle, apporté par des immigrés d’origine allemande. La rythmique quant à elle, était battue avec les mains ou marquée par le Washboard. Ce dernier, comme précisé auparavant, est un instrument né du détournement d’une planche à laver le linge, et qui peut être raclée pour en obtenir un son rythmé très apprécié dans le Sud des Etats-Unis.

 

Référence musicale 4 (en bas d'article) -

 

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 - Affiche de concert de Cliffton Chenier (Source : 75 M.N.S®) -

 

Cette French Music était pratiquée à la fois par des Cadiens et des Créoles, de plus il n’était pas rare que certains Créoles viennent jouer pour des Cadiens. Il faut préciser que ces populations Cadiennes et Créoles étaient en général des populations relativement pauvres et rurales.

Les populations vivant dans un environnement plus urbanisé estimaient alors que la musique était pauvre, tout comme les individus qui la pratiquaient. Ce sont donc les Acadiens qui sont venus au début en Louisiane en 1764 après leur expulsion d'Acadie (Nouvelle-Écosse) en 1755. Ces Acadiens vont faire voyager avec eux leurs traditions et musique venant de France.

Mais, nous savons que cela était bien faux. A contrario, une grande richesse musicale se cachait déjà dans la French Music du début du XXe siècle. C’est d’ailleurs ce que va prouver monsieur Alan Lomax. Cet ethnomusicologue spécialisé dans la musique dite folklorique va, durant les années 1930, sillonner le Sud des Etats-Unis pour enregistrer des musiciens traditionnels pour le compte de la bibliothèque du Congrès

Si la musique semble avoir toujours été là au sein de la culture et de la vie des habitants du sud de la Louisiane, ce n’est qu’à partir des années 1950 qu’elle va commencer à inonder les disquaires du monde entier. Effectivement, le Zydeco, est un genre relativement récent qui vient de l’électrification de la musique Créole traditionnelle.

 

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Son nom viendrait d’une expression qui aurait été au cœur d’une des premières chansons. Le Zydeco serait issu de cette phrase " les haricots sont pas salés" qui peut se traduire par "les temps sont tellement difficiles que l’on n’a même pas de quoi mettre du sel dans les haricots avant de les manger".

Le terme "Haricot" doit être prononcé en Zydeco cet à dire "Zarico". Terme qui serait devenu le Zydeco. Malheureusement; il n’existe pas de preuve historique irréfutable de l’origine de cette appellation, mais cette version est celle relatée par les historiens, musicologues et universitaires s’étant penchés sur le sujet.

Le Zydeco s'inscrit également dans l'histoire des Afro-Américains. Il est indissociable de la migration Créoles, à partir de la Seconde Guerre Mondiale dans les grands centres industriels de l'état du Texas, pour y travailler dans l’industrie pétrolière. C’est donc en milieu urbain que s’est opérée la combinaison mélangeant le style musical Créole avec le Rythm & Blues Afro-Américains.

Dans les années 1920, avec le développement de l'industrie du disque et de la radio, la musique Cajun va s'exporter. En 1928, Joe et Cleoma Falcon est allé à la Nouvelle-Orléans faire le premier enregistrement de la musique Cajun: "Allons à Lafayette". De son côté, Amédé Ardoin fait son premier enregistrements avec Dennis McGee en 1929 comme nous allons le voir.

 

 - Référence musicale 5 (en bas d'article) -

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 Amédé Ardoin au Bevan studio à Eunice aux Etats-Unis vers 1929  (Source : BP© ) -

 

C'est également au Texas que le Zydeco va émerger comme un genre musical à part entière. Parmi les nombreux pionniers musiciens de la musique Zydeco, monsieur Amédée Ardoin (1898-1941) occupe une place de tout premier ordre. Les artistes et musiciens pionniers de la musique Zydeco sont nombreux, mais certains restent incontestablement incontournables.

Au passage, je me permets de rappeler qu' Amédé Ardoin est un musicien Créole dont nous avons déjà largement parlé au sein des lignes du Cercle Modernist dans l'article intitulé "Zydeco Blues : Le Blues Français de Louisiane" de la rubrique intitulée "Race Music / Blues".

Les artistes et musiciens pionniers de la musique Zydeco vont être nombreux au fil des générations, mais certains restent incontestablement incontournables. Parmi ces artistes Zydeco, Amédé Ardoin (1898 -1941) occupe incontestablement la première place. Cet artiste est justement considéré par beaucoup comme l’un premier grand ancêtre du Zydeco.

Amédé Ardoin va effectivement avoir une profonde influence majeure sur le développement à la fois de la musique Créole et CajunAmédé Ardoin va débuter sa carrière en faisant connaissance du violoniste Dennis McGee. Les deux musiciens deviennent rapidement amis et décident de monter un duo. Ensemble, ils vont jouer dans les bals de la région. Selon Dennis McGee "Nous avons joué à Kaplan, à Bayou Noir, Lake Charles, et partout tout le monde est devenu fou quand Amédé Ardoin a commencé à jouer".

 

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Ce n'est pas un hasard si la plupart des chanteurs Cajuns vont utiliser par la suite un style de chant aigu très similaire à celui d'Amédé Ardoin. Pourtant, la puissance émotionnelle développée par Amédé Ardoin reste toujours unique et inimitable. Bien entendu, d'autre artistes vont aussi marquer cette musique Zydeco, comme Boozoo Chavis (1930-2001).

Boozoo Chavis est l’un des premiers artistes reconnus dans le genre Zydeco. Il est célèbre pour avoir eu deux passions, la musique Cajun et les chevaux de courses. En outre, n'oublions pas Buckwheat Zydeco (1947-2016). Buckwheat est l’un des artistes de la scène Zydeco les plus reconnus, il s’auto-définit d'ailleurs comme appartenant à ce genre par son nom.

 

Bucwheat Zydeco va être accusé de faire de la musique commerciale en dénaturant le style original de cette musique rurale. Il a effectivement et délibérément réalisé des reprises de grands standards du Rock and Roll, mais ses textes sont d'une grande qualité et méritent une attention toute particulière

 

Référence musicale (en bas d'article) -

 

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 Cliffton Chenier sur scène (Source : CS©/AR®) -

 

Cette reconnaissance mondiale est couronnée par l'obtention d'un prestigieuse victoire aux Grammy Award, aux Etats-Unis en 1983. Cette victoire, et cet hommage à la musique Cajun va incontestablement lui permettre de populariser le style musical Zydeco Blues auprès d’un très large public.

Tout au départ, come nous l'avons vu, Clifton Chenier va débuter sa carrière de musicien en jouant avec son frère Cleveland Chenier et son père Joseph Chenier. Après une brève période de travail comme ouvrier agricole dans les champs de canne à sucre, Clifton Chenier rejoint son frère dans la ville de Cleveland.

Clifton commence donc à se produire avec son frère Cleveland. En plus, à partir du milieu des années 1940, il débute une tournée de concerts qui le conduisent à New Iberia, puis Lake Charles et finalement à Port Arthur au Texas. Grâce à cette première tournée de concerts remarqués, la renommée des deux musiciens grandit de plus en plus dans d'autres états. 

 

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La carrière de Clifton Chenier se déroule en deux parties, séparées par une courte traversée de désert. Les années d’avant-guerre, avec des succès locaux jusque 1960, et des débuts discographiques en 1954. Et, le second départ vers une nouvelle gloire internationale, de 1964 (les années Arhoolie Records commencent) jusqu’à la mort de Clifton Chenier en 1987.

C'est en 1954 que le jeune Clifton Chenier commence sa carrière de musicien professionnel. Clifton entre pour la première fois en studio pour la compagnie de disques Elko RecordsLe jeune homme n'a que 29 ans, il n’est manifestement encore pas très connu. La compagnie de disques Elko Records va d'ailleurs orthographier par erreur son nom en Cliston Chanier, tout comme le titre de la face B de son premier single "Cliston Blues".

Malheureusement, les informations sur les débuts du fondateur et propriétaire d’Elko Records, monsieur John R. Fulbright (1900-1970) sont parcellaires. Il a très surement été batteur pour la grande et mythique chanteuse Ma Rainey. John R. Fulbright est arrivé en Californie, en provenance de l’Oklahoma, en 1946. Il va d'abord travailler et se familiariser avec l'environnement de l'industrie du disque à Okland City.

 

 Référence musicale (en bas d'article) -

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- Cliffton Chenier circa 1957 (Source : BM) -

 

Par la suite, John R. Fulbright se rend à Los Angeles vers 1950 où il créé sa propre compagnie de disques Elko Records dans sa maison sur East Adams Blvd. C’est là qu’il va enregistrer et produire environ 40 disques de Blues et de Gospel. John R. Fulbright fabriquait son propre plastique de vinyle pour presser ses disques. Il utilisait un frigidaire pour refroidir sa presse, en y ajoutant parfois du charbon de bois au mélange.

John R. Fulbright avait une réputation d'homme charismatique et belliqueux, il ne se laisse pas marcher sur les pieds. C'est en 1954 qu'il découvre et enregistre Clifton Chenier en Louisiane. Malgré l'incomparable qualité du premier single de Chenier, le succès n'est pas malheureusement au rendez-vous.

 Clifton Chenier maitrise déjà pleinement son style de jeu; il développe un jeu musical de Blues authentique sans concession. Dans ses premiers vinyles Clifton Chenier propose des interprétations profondes et puissantes composées de ballades typiquement Louisianaises et largement teintées de Rhythm &Blues.

 

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Le morceau proposé ci-dessus (référence musicale 7) "Standing in the corner" donne justement un parfait exemple de la grande maitrise musicale ainsi que de la profondeur émotionnelle des compositions de Clifton Chenier. Dés ses premières apparitions sur scène le charisme de Clifton explose littéralement devant un public complétement séduit et fasciné par son charisme.

Vous remarquerez que ce morceau, tout en étant enregistré dans le Deep South, à la même puissance et charge émotionnelle que les plus belles interprétations des maîtres du Blues électrique. Comme bien entendu avec le Chicago Blues du fantastique et vénéré guitariste Otis Rush sur le mythique label Cobra Records.

En effet, le Zydeco Blues, tout comme le Chicago Blues, a justement la particularité d'être un Blues "électrifié". Il illustre une grande adaptation et compréhension de la part des musiciens de Blues Afro-Américain qui ont bien compris que leur musique doit être adaptée au Temps présent, pour être plus "comprise" et appréciée par le grand public international.

 

Référence musicale 8 (en bas d'article) -

 

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 - Affiche de concert circa 1959 (Source : AR©) -

 

Plus tard, Dans les années 1960, Clifton Chenier signe pour le label Californien de Chris Strachwitz, il fait évoluer sa musique en se dirigeant vers un retour aux sources. C'est plus exactement Chris Strachwitz qui souhaite que Clifton Chenier se rapproche de sa culture originelle et des traditions culturelles de Louisiane en chantant en langue française.

Au départ, Chenier n'est pas totalement convaincu et il rechigne un peu. Il décide finalement de suivre les conseils avisés de Chris Strachwitz et enregistre finalement dans sa langue natale en Français. La culture originelle de l'état de Louisiane est en pleine renaissance, dans cadre la culture Zydeco réapparait enfin aux yeux de tous.

En 2014 grâce à l'essentiel magazine "Soul Bag", nous apprendrons par le biais d'un entretien avec son fils C.J Chenier, qui a pris la relève musicale de son père, que Clifton Chenier avait déjà interprété en 1955 un morceau en langue Française intitulé "Ay-Tete Fee, soit Eh ! Petite Fille". Un authentique et fantastique morceau qui remplit toujours les meilleurs pistes de danses. 

 

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Clifton Chenier est désormais adulé et considéré comme le Roi du Zydeco (un titre mérité). Bien que diminué dans ses dernières années par un diabète invalidant, il est resté actif jusqu’au bout. En 1973 il signe la musique du film d'Alain Corneau France société anonyme. Un peu plus tard, en 1979 exactement, on lui diagnostique un diabète grave et on doit l'amputer d'un pied.

Ses principales récompenses (souvent des premières pour un musicien d'origine Créole) reflètent à la fois son influence et la reconnaissance dont il bénéficie : un Grammy Award en 1983 pour son album "I’m Here !", un  National Endowment for the Arts en 1984 (la plus importante distinction pour un artiste aux États-Unis, ce qui lui vaut de jouer devant le président Ronald Reagan à la Maison Blanche).

Puis, à titre posthume son entrée au mythique Blues Hall of Fame en 1989, puis la même année au Louisiana Music Hall of Fame. En 2014, Clifton Chenier obtient le Grammy Lifetime Achievement Award pour l’ensemble de sa carrière. C'est en 1987 que Clifton Chenier meurt d'une maladie des reins. Bien heureusement, son fils C.J. Chenier a pris la relève et continue sa musique et son imposante oeuvre musicale en produisant, entre autres, des concerts et des disques.

 

Référence musicale (en bas d'article) -

 

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  -  Clifton Chenier circa 1992 (Source : AR©) -

 

Monsieur Clifton Chenier est bien le Roy incontesté du Zydeco Blues. Il est devenu le véritable ambassadeur de cette irrésistible type de Blues rural. Une musique profondément ancrée dans l'histoire musicale du Deep South et plus particulièrement de la Louisiane.

Ce Blues, ancré dans l'histoire des Etats-Unis, est indissociable de l'histoire des mouvements de populations, ici Francophone, qui vont lui apporter de nombreuses influences. Les chants dits Yodel venants d'Allemagne illustrent ces influences sur le Blues rural des Etats du Sud.

 

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Pour nous Modernists de Paris, la fantastique musique Zydeco Blues de Clifton Chenier constitue une part originelle et primordiale du corpus culturel Mod spécifiquement Hexagonal. Un corpus culturel également fondé par madame Joséphine Baker, à qui nous avons rendu hommage en 2023 lors de son entrée au Panthéon national.

 •

 Diffuser et propager cette authentique culture Mod est le dessein du 75 M.N.S®, largement appuyé par son organe de diffusion officielle "Le Cercle Modernist", ainsi que par les groupes du réseau social Meta / Facebook "l'Agenda des Mods Français" et "75 M.N.S / Le Cercle Modernist".

 

Alexandre Saillide -Ulysse

75 M.N.S®

 

Sources :

 

- Ann Savoy "Cajun Music : A Reflection Of People"

éditions Blue Bird Press , Canterbury, 2021

 

Christian Casoni "Juke : 110 portraits de Bluesman"

éditions Le Mot et le Reste, Marseille, 2020

 

- "Dictionnaire du Blues"

éditions Encyclopedia Universalis / collection "Les Dictionnaires", Paris, 2016

 

Stéphane Koechlin "Le Blues : Les musiciens du diable"

 éditions Castor Astral, Paris, 2014

 

Gérard Herzhaft "La Grande encyclopédie du Blues"

éditions Fayard, Paris, 2008 (9e éd./ 1re éd. 1997)

 

- Sara Le Menestrel " La voie des Cadiens"

éditions Belin, Paris, 1999.

 

Robert Sacré "Musiques Cajun, Créole et Zydeco"

éditions PUF, Paris, 1995

 

- Jacques Demêtre et Marcel Chauvard (préface de Sebastian Danchin) "Voyage au pays du blues", éditions Clarb/Soul Bag, Levallois-Perret, 1994

 

 

Références musicales :

 

- Sélection 1 : Cliston Chanier "Rockin The Bop"

Post Records (X2010) 1955 

 

- Sélection 2 : Cliston Chanier "Country Bred"

Post Records (X2010) - 1955 

 

- Sélection 3 : Clifton Chenier "Ay-Tete Fee"

Speciality Records (SP-542-45) - 1955

 

Sélection 4 : Clifton Chenier 'Louisiana Stomp"

Imperial Records (X3552) - 1955

 

Sélection 5 : Amédé Ardoin "La Valse A Abe"

Old Timey Records (OT-124) - 1981

(enregistrement original en 1930 pour Columbia Records / 40511F).

 

Sélection 6 : Clifton Chenier "Bajou Drive"

Checker Records (939) - 1959

 

Sélection 7 : Clifton Chenier "Standing in the corner'

Argo Records (5262) - 1957

 

Sélection 8 : Clifton Chenier "Worried Life Blues"

Tear Drop Records (3140) - 1967

 

Sélection 9 : Clifton Chenier "Louisiana Blues"

Bayou Records (45701) - 1967

 



03/04/2024
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